Le fondateur

Alain Mounir : le sens au service de la créativité

A l’aube de la soixantaine, Alain Mounir, le CEO d’Opemans reste un tout jeune homme. Il fourmille de projets, avec toujours le même enthousiasme et la soif de progresser ; au cœur de sa démarche : le sens. Sa promesse : donner de la confiance en stimulant la créativité. Alain Mounir ou comment faire du bien aux entreprises et aux hommes et femmes qui les composent.

Il est des années ancrées dans une mémoire collective ! 1989 est l’une d’entre elles, année de joie devant la chute du mur de la honte. Pour Alain Mounir, cette liesse à Berlin est un repère. Lui qui reconnait volontiers n’avoir « aucune mémoire du temps qui passe », se souvient qu’un mois plus tard exactement, il lançait sa première entreprise « une marque davantage qu’une société ». Et depuis ce mois de décembre 1989, le patron d’Opemans, pour « Opener of Management Solutions », a toujours été un entrepreneur.  Dans des formats divers, de la SARL jusqu’à la raison individuelle … Mais toujours avec une égale faculté à rebondir !

A l’origine, c’est l’histoire de vingt années de laxisme scolaire qu’il reconnait dans un grand éclat de rire, un apprentissage de mécanicien-électricien et la révélation que cette voie n’était décidément pas la sienne. Viennent les années de reprise en main personnelle, de réussite avec ce diplôme d’une école d’ingénieurs, un premier recrutement à Lausanne en réponse à une petite annonce qui cherchait « un régleur de robots ». Alain y restera cinq ans et en deviendra le directeur. « Tout ce que je touchais se transformait en or industriel », se rappelle-t-il avec le sourire. Il quittera le groupe PUW dont il était CEO Suisse à la suite d’un rachat mais cette expérience industrielle servira de socle à son parcours entrepreneurial. Il attribue sa réussite d’alors à sa capacité à « travailler avec les êtres humains ». Il se décrit comme « un patron hyper collectif, autant attaché aux résultats qu’à la responsabilisation et à l’autonomie individuelle » et aime à rappeler que « la première personne avec laquelle il a passé du temps était le concierge de l’entreprise ». Au-delà de l’anecdote, un véritable positionnement managérial ! Les chiffres parlent pour lui : sur 230 salariés issus de 17 nationalités et pour 200 femmes, l’absentéisme tournait aux alentours de 1%.

L’expérience est structurante. « J’ai mis en œuvre de manière intuitive ce que je conceptualise aujourd’hui ». Il offre à ses clients treize prestations autour d’une même philosophie : « à travers une approche technique, proposer des organisations fondées sur l’intuition et le sens en matière de ressources humaines ». Ses interventions se situent sur le long terme. De ses expériences diverses, il a en effet acquis la conviction qu’il était illusoire de vouloir transformer une organisation en une semaine. Tout comme il a compris qu’une bonne idée devrait forcément susciter l’adhésion. Ses clients, des TPE, des PME, quelques grands comptes notamment des groupes horlogers, s’inscrivent dans un travail sur la durée. L’objectif est d’éviter de devoir s’attaquer aux symptômes d’une crise par la médiation, un ultime recours, en intervenant en amont, « en acceptant de traiter des causes qui ne sont pas en lien apparent avec le sujet ».

Ses clients louent la rapidité du diagnostic, la pertinence de l’analyse d’une situation. Il y voit son point fort et lance sans fausse modestie : « le descriptif que je fais les scotche. Je leur livre la compréhension globale du système avec une identification précise de la faille. Quand un client me demande de l’aide, c’est qu’il a déjà fait une partie du chemin, il est prêt à accepter de changer ». Lui-même a gardé sa vision initiale depuis ses premières expériences, convaincu que son rôle est de donner du sens, ce qui signifie « stimuler les espaces de compétences afin que les salariés libèrent des intelligences et deviennent plus créatifs, les accompagner pour qu’ils s’accordent plus de confiance ». En dehors de ses clients, Alain s’adresse à un plus grand public qui est invité à découvrir sa méthode à travers trois ouvrages. Parmi ses prochains projets, une application gratuite sera proposée afin de « réapprendre à chaque individu à requalifier intuitivement ce à quoi il veut servir ».

Après 40 ans de carrière, Alain a compris sa force : identifier les besoins au-delà des tendances, être en permanence dans l’innovation et l’anticipation. Il a su corriger certaines fragilités aussi, comprenant par exemple l’importance de la visibilité et des réseaux, lui qui a trop longtemps été persuadé que la compétence et l’intégrité suffisaient à s’assurer la réussite. La vie est venue lui rappeler qu’il « ne suffit pas de bien travailler et baisser la tête pour que l’on vienne vous chercher » comme il le dit joliment. Tout comme il a admis sans vraiment l’accepter « qu’un spécialiste intègre rend fous tous les incompétents ». C’était après une expérience malheureuse, ce mandat d’Etat qui n’a pas été honoré et l’a obligé à rebondir et se repositionner. « Moi-même marqué par une éducation classique dans laquelle l’engagement et le respect de la parole donnée sont à la base d’un parcours de vie, j’ai parfois été piégé par l’énergie déployée par des menteurs, des tricheurs ou des incompétents, mais j’apprends de mes expériences !», reconnait-il. Dans ses moments, la musique, son autre passion est un puissant moteur d’équilibre.

Shimon Dolan, qui connait Alain Mounir depuis une vingtaine d’années, loue « une personne d’expérience, une personne magnifique, qui par un regard extérieur peut donner des pistes essentielles pour régler une situation ». A la tête de 17 entreprises, l’homme d’affaires canadien basé à Barcelone affirme avoir une « très grande confiance en lui » ; et de lancer avec enthousiasme : « s’il voulait me rejoindre dans l’un de mes projets je dirais tout de suite oui, mais il est trop cher pour nous (fait-il référence aux tarifs en Suisse ?) » ; Tout juste se risque -t-il à formuler un conseil « il est temps pour lui de commencer à intervenir en anglais. Il n’y a pas d’âge pour apprendre des choses ».  Alain Mounir le sait bien, lui dont la vie est l’histoire d’une capacité permanente à se réinventer.